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Mes mots, ma malle, mon monde
Mes mots, ma malle, mon monde
  • L’amour de l’aller-retour. Eperdu des allers-venus. Pas fou, nomade ! Des valises sous les yeux, l’ exode en bandoulière. Passager sans destin, tueur à bagages, je viens vous raconter les pérégrinations de ma valise. Je m’éclipse et m’explique …
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13 janvier 2010

Salar d'uyuni, Sud lipez

La frontière s’ouvre alors qu’on n’y croyait plus. On reprend le toboggan direction les étoiles. 2000 mètres de dénivelé positif en 20 minutes. Ya que la fusée qui fait mieux. Lican cabur, le plus beau des volcans, ne veut plus se montrer. Distrait. La tête dans les nuages. La frontière bolivienne est une cabane. Un zorro (renard andin) pas farouche traîne pour récupérer les restes. Des pierres noires sur un sol marron. Des montagnes mouchetées de blanc. De la neige qui coule des sommets.

Et en haut d’une butte, elle apparait sous nos yeux. La laguna verde. Une pastille turquoise sur laquelle flotte de mini banquises. On demande pourquoi il n’y a pas de flamant rose. Il y a de l’arsenic dedans. Pas intérêt à boire la tasse.

On roule dans un 4X4 sur le sable, comme pour le Paris-Dakar. Un petit mont de pierres noires est constellé d’herbes jaunes. Maya l’abeille.

On se baigne dans une eau à 38°c. Le bonnet tête d’ours vissé sur les oreilles. Je me prélasse comme une écrevisse. Dehors il doit faire 1°. Quand on sort pour se changer, on cristallise.

On entre dans le désert de Dali. Sur des plaines désespérément plates poussent quelques rochers. Ils semblent avoir été dispersés, comme si la semeuse des pièces d’un franc était passée par là. Plus probablement sont-elles issues d’une irruption volcanique. Une pluie de pierre. La plus grosse doit faire 4 mètres de haut. Elles doivent être enfoncées dans le sol sur plusieurs mètres. Des icebergs.  Une terre blanche fait des rayures et l’ensemble ressemble à un jardin japonais.

« Regarde ce mélange de couleurs » ponctue Antoine tous les 20 mètres. Le soleil me crame la joue droite. Je monte devant aux côtés de Javier, notre guide. On partage avec lui des biscuits, des mandarines et même du pisco à minuit. Sur le côté, un mur de pierre en strates. Comme un jenga sur le point de s’effondrer.

Le soleil se couche dans un volcan comme une bille de pachinko. On dort dans un hôtel de sel. Tout est en sel sauf les murs extérieurs et le toit … bancs, tables, bar et même les sommiers. On marche sur un sol en gros sel. Oscar le fils de la cuisinière nous tient compagnie en espagnol. Un groupe d’enfants vient nous chanter quelques chansons. Malaise. Ils sont à peine plus âgés qu’Oscar. Ils chantent en serrant les dents. Presque en pleurant. On leur file un petit quelque chose mais dix minutes plus tard une deuxième salve. Ils ne récoltent quasiment rien. Dur ! Le poêle au milieu du salon ne me réchauffe même pas les poils. Il tiédit difficilement autour de lui. Même la bouteille de vin rouge lui reste insensible, désespérément froide. Froide comme la nuit que nous allons passer. On dort couverts, recouverts. On remet le couvert. Seules les mains et les oreilles dépassent donc je dors avec gants et bonnet.

Lever de soleil sur le salar. Nuit. Bleu foncé. Bleu clair. Puis du rose … du jaune. Et du rose à nouveau. Deux bandes de nuage noir pour faire le contraste. Les nuages semblent suivre une route en diagonale. Une autoroute aérienne. Le sel défile sous nos roues comme dans un jeu vidéo. Hypnotique. La masse blanche a des allures de banquise. Lever de soleil en antarctique. L’aiguille du compteur titille les 110km/h. Les nuages brillent. Les stries du sel craquelé oscillent comme le point sur un encéphalogramme. On attend le soleil. On espère le soleil. Esperamos el sol.

La vie est belle, dans un rayon de soleil.

Je saute dans tous les sens comme un chien fou. On écrase les tranchées miniatures qui font comme des alcôves d’abeilles. Des hexagones et des pentagones de fleur de sel. Ca croustille comme de la neige sous nos semelles. Blanc de blanc. Comme au canada. Un océan de sel à perte de vue. Le radeau de la méduse. Notre jeep comme un navire sur une mer d’huile. On met le moteur et on fend les vaguelettes. Les 4X4 au loin ressemblent à des majorettes. Le sel se craquelle et forme des écailles de serpent. On accoste sur l’île du pesco. Poisson, par rapport à sa forme vue du ciel. Des cactus recouvrent ce cailloux qui émerge de Guérande. Une petite balade jusqu’en haut pour se sentir naufragés, seul au monde. Lost ! Puis après un petit déjeuner sur le débarcadère de l’île, on largue à nouveau les amarres. On reprend notre traversée là où on l’avait laissée. Du plat à perte de vue jusqu’aux côtes, au loin.

Le code de la route du salar est sommaire. Pas de priorité à droite, pas de piétons. Un seul impératif : tout droit. Pas de panneaux, on a juste à regarder au loin. Pas très difficile de se repérer au relief. Chaque montagne a sa forme. On avance. Je regarde devant moi et le capot de la voiture avale le sel comme pac-man les pac-gommes.

On prend des photos débiles grâce à la perspective particulière que nous offre ce lieu.

On approche de la fin de l’excursion et la perspective de retrouver les routes en terres beaucoup moins lisses ne nous enchante guère. Poussière, cailloux, nids de poules … d’autruche.

Au bout du désert, des cônes de sel alignés comme des petits soldats. Des châteaux de sel. Pyramides. Les dents du salar.

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