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Mes mots, ma malle, mon monde
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  • L’amour de l’aller-retour. Eperdu des allers-venus. Pas fou, nomade ! Des valises sous les yeux, l’ exode en bandoulière. Passager sans destin, tueur à bagages, je viens vous raconter les pérégrinations de ma valise. Je m’éclipse et m’explique …
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21 janvier 2010

Isla del sol (lac titicaca)

Pour une fois, on a de la chance. La veille, aucun bateau n’est partit à cause du vent. Un arbre seul, planté sur un îlot minuscule. Silhouette onanique. Seul sur ce caillou, il joue les caricatures d’île déserte. Le lac Titicaca, c’est une mer pour moi. Le français à barbe, c’est un pair pour moi. Je lève la tête et je vois des fils avec des boules au milieu pour prévenir les avions qui voleraient à très (très) basse altitude. L’électricité passe d’îles en îles en s’appuyant sur de grands poteaux électriques en ferraille. Ca casse un peu le côté chlorophylle du lieu. Une forêt d’arbres foncés à flanc de montagne. Mais l’implantation s’arrête d’un coup. Comme si une partie de la montagne avait été rasée au « mach 3 ».

On paye la traversée en bateau, puis on paye pour voir les vestiges de la partie nord de l’île, on passe au péage du village du milieu et on paye pour arriver au village du sud. C’est l’autoroute du sud de la France ici ! Escota. Sauf que c’est dix fois moins cher ici, que les pieds remplacent les roues et que les rivages ne sont pas encore bétonnés. Au milieu de la balade on se pose pour manger nos sandwichs achetés dans un restau. On a pris la formule isla del sol. Une poignée de fromage râpée entre deux tranches de pain. Sec comme l’île en fait.

Côté sud, l’île est couverte d’eucalyptus, pas de koalas pour autant.

On se trouve un petit hôtel à 5€ la nuit. On lézarde au soleil sur les transats, avec les îles qui baignent à nos pieds. Le soleil nous brûle la gueule. Le vent nous glace les os. Alors on bronze en blousons de ski. Pas d’eau courante donc pas de chasses aux toilettes. Un bidon remplit d’eau et un sceau à vider dans la cuvette après usage. Pour la douche, un tuyau sort du mur, sans embout. Je parie sur douche froide … je me laverai demain.

Balade dans le village où on découvre l’école de nos grands parents. Pupitres, écriture arrondie et tableau noir.

Deux tréteaux et une planche pour y poser des kilos de laines d’alpaga. Tous les locaux nous disent : « Compra me ! ». Ca doit vouloir dire bonjour.

Pénombre. Pas d’électricité dans le restau alors on dîne à la bougie avec les côtes qui se dessinent en noir dans le crépuscule. On retourne à notre hôtel mille étoiles. Vue sur le lac. Vue sur le ciel. Tenue de combat pour résister au vent qui sape l’île : 2 t-shirts manches courtes + T-shirt manches longues + 2 polaires + blouson + calbute + caleçon thermique + pantalon chaud + chaussettes + chaussettes de ski + bonnet + gants + capuche + écharpe= quinze minutes de confort pour regarder ce vieux film en noir et blanc.

Un laser descend du ciel vers les lumières de Copacabana. Comme dans les boites de nuit le samedi soir. Sauf qu’ici, c’est la voie lactée. Lait entier. Bouteille rouge. Ya tellement d’étoiles qu’on peut pas voir les constellations. Noyées. Pire qu’un guide rouge pneumatique. J’arrive à en repérer une qui brille jaune pour faire son intéressante. A côté, une constellation brille doucement. Une demi-douzaine d’étoiles sont disposées en demi-cercle. La constellation du dentier ? A côté, trois étoiles scintillent. Une quatrième, plus terne monte vers le ciel comme un tremplin. Elle nous montre le chemin vers les étoiles. Je regarde le ciel. Je regarde la voie lactée. Je vois lacté. Je bois la voie lactée.

Le soleil se dore dans l’eau. Petit déjeuner en face des îles rondes qui émergent comme la carapace striée d’une tortue. Tous les versants des îles sont construits en planches. Comme des lignes sur un cahier d’écriture qui entourent les demi-sphères. Le vent fait des courbes dans l’eau. Un colibri vient nous dire bonjour en vol stationnaire. Un vraie, un gros. Pas les espèces de mouches qu’on voit parfois dans le sud de la France. Il butine dans une fleur en forme de trompette.

Je ressemble à Wolverine, barbe de vingt jours, cheveux hirsute. Mowgli mais en moche. En plus, je bronze autour de la barbe ce qui me fera un bel hémi-bronzage. Je dis « bronze » car ici, même en hiver, on peut prendre un coup de soleil. Malgré les kilos de Labello dont je les badigeonne, mes lèvres s’assèchent comme une nymphomane en plein désert amoureux. Pendant ce temps, un grand nombre de petits bateaux mouillent dans le port de Copacabana et ça n’a rien à voir. Tout du moins avec mes lèvres. Deux drakkars en roseaux flottent dans le port.

Retour sur le continent. Ici, les bus conduisent au klaxon. Si une voiture les croise, qu’un passant marche sur le bas côté ou même qu’une voiture est mal garée, on klaxonne. Au moindre obstacle potentiel. On klaxonne. Ca veut dire : « J’arrive ! ». Parfois il n’y a rien. Je soupçonne les chauffeurs de klaxonner jusqu’aux oiseaux qui lambinent sur les fils électriques.

La Bolivie est un peuple à chapeau. On quitte les boliviennes, ces escargots d’album pour enfant qui charrient leur vie dans des sacs en toile multicolore. Le chapeau melon posé sur les tresses. Comme un cheveu sur la soupe. Elles vont me manquer ses petites bonnes femmes, leurs tresses noires sautant dans leur dos, leur fardeau noué autour du cou, comme des coquilles d’escargots colorées. Leur posture, voutées sous un arc en ciel de couleurs fluos, leurs jupes ternes qui tombent au genou et leurs bas en laine qui boulochent.

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Commentaires
T
"C'était bien, c'était chouette..." Et le mieux c'est que c'est tout aussi bien sur "papier". Magique, non ? Et merci au passage de nous écrire nos souvenirs pour plus tard !
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