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Mes mots, ma malle, mon monde
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  • L’amour de l’aller-retour. Eperdu des allers-venus. Pas fou, nomade ! Des valises sous les yeux, l’ exode en bandoulière. Passager sans destin, tueur à bagages, je viens vous raconter les pérégrinations de ma valise. Je m’éclipse et m’explique …
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31 mars 2009

Tenjin Matsuri à Osaka

4 aout 2006, je me pointe à Kyoto et prépare avec application le programme de mon séjour dans le Kansai*. J’ai prévu une journée à Osaka pour le tenjin matsuri, un festival renommé mais sans plus. Le festival du dieu du ciel. La petite copine japonaise de mon collègue me détrompe sur le jour de ce festival et m’invite à y aller avec eux le lendemain. Après avoir annulé la nuitée en ryokan*, j’accepte avec excitation.

Rendez vous à la gare d’Osaka. On se retrouve finalement (la carte téléphonique fume !!).

Maï s’est habillée traditionnel, yukata bleu ciel et obi* jaune, petit sac en poire assortit et geta* en bois. Samuel, mon collègue s’est « déguisé » en japonais. Mais le jinbei* lui va bien.

Au sortir de la gare, nous voilà embarqués dans des allées couvertes dont les toitures sont ornées de tori ou de statues géantes. Le premier char qui approche est monté par 4 pitis japonais de 7-8 ans qui mènent le cortège. Ils se répondent deux à deux en martelant alternativement un énorme tambour. Dong dong dong. Leurs bras pliés façon coureur de 100 mètres matraque avec justesse le gros taïko*. Leurs camarades les tractent avec entrain en scandant « do koi san ! do koi san ! do koi san ! » sur chaque pulsation. Avec leur chapeau rouge sur la tête, on dirait les lutins du père noël qui se seraient fait voler leurs rênes.

Leurs maman suivent de près et les éventent avec amour. C’est qu’il fait chaud sous ses arcades en plein mois d’aout. Et le nombre de personne au mètre carré n’arrange rien.

Très vite on comprend que chaque catégorie d’âge (chaque école ?) a son char, ses porteurs, ses tapeurs de tambours et son refrain entêtant.

On voit passer un char sans roulettes porté par des trentenaires. Ils sont tous en blanc et semblent plier sous le poids de l’énorme mikoshi. Foulard torsadé sur le front, happi* légèrement ouvert, geta au pied, ils livrent un combat contre la pesanteur.

Le dessin d’un « oni » souriant orne la devanture d’un bar. Même les démons se sentent bien dans ce festival.

Un bonhomme sous un déguisement de dragon rentre dans toutes les échoppes pour les bénir. Le rythme de la flûte accompagne ses mouvements. On croirait entendre le dragon siffler. Avec des gestes précis, il effectue une chorégraphie tout en contorsion. Une fillette agite sa cape derrière lui. Si le dragon s’approche, on doit baisser la tête. S’il la touche, la personne sera heureuse. Il passe à côté de moi. Je baisse la tête docilement mais il ne semble pas manifester d’intérêt pour mon implantation capillaire ... la fortune ne sera pas pour tout de suite.

Un chien matsuri. Les mauvaises langues diront qu’il porte mieux le happi que moi. Facile pour lui, il est japonais !

Entre chaque arcade couverte il faut traverser de grandes artères remplies de voitures... en regardant d’abord à gauche!!! Habitude difficile à prendre qui m’a valu au japon quelques frayeurs pour mes doigts de pieds.

Des stands de fête foraine ornent les bas côtés : Les enfants peuvent y pêcher des petits ballons en plastique (Au coté de doraemaon, anpanman le bonhomme en azuki a la côte) acheter des masques en plastique. Le plus dépaysant est sans conteste le kingyo sukue : l’objectif est d’attraper des poissons rouge dans un bac long et étroit rempli à ras-bord de poiscaille à l’aide d’une épuisette en papier de riz. On en voit souvent dans les mangas. Au premier abord, ça a l’air difficile. Plus le papier de riz reste dans l’eau et plus il se fragilise. Confirmation lorsque nous voyons une maman aider sa fille de 1 an … l’épuisette est complètement déchirée. On a l’impression de voir une variante du numéro de cirque où le tigre saute dans le cerceau de feu … version Poséidon !!! Cependant, à l’autre bout du bassin, une fillette de 12 ans fait parler son expérience. 8 poissons, puis 9 ... puis 10 … et l’épuisette ne semble pas usée. Il y a bientôt plus de poisson que d’eau dans son bol. Elle appelle sa mère qui lui montre son bol ... Seulement 2 poissons. L’élève a dépassé le maître. Gentil sourire moqueur de la petite fille. Au final 19 poissons !!!! Une razzia !!! Un génocide pescidé. La vendeuse pas contrariée lui met ses 19 poissons dans un sac en plastique remplit d’eau et (détail qui tue) d’une algue vert fluo.

Une échoppe de takoyaki (boulettes de beignet de poulpe) sur la gauche. On fait une halte apéro. Attention, je suis par principe personnellement opposé à mettre dans ma bouche quelque chose qui a des tentacules. Un takoyaki, c’est comme une cagole, il vaut mieux pas voir ce qu’il y a à l’intérieur !! D’ailleurs, hormis les poissons, tout ce qui vit dans la mer n’a d’habitude pas droit de visite dans ma bouche (pas même l’homme de l’Atlantide). Cependant, j’ai cédé au takoyaki. Parce que c’est trop bon.

Les takoyaki sautent sur la plaque chauffante. Rien que le fait de regarder la vendeuse préparer vos boulettes vaut le coup d’œil. Elle les tourne et les retourne du bout de sa baguette avec la dextérité et la grâce d’un peintre au travail. Un conseil, ne pas se jeter sur la pépite fumante dans votre assiette si vous ne voulez  pas vous brûler au 3ème degré.

Retour sur l’allée piétonne, ma langue encore endolorit. De jolis japonaises dont les coiffures sont ornées de fleurs nous croisent à petit pas, l’éventail sur le cœur. Tintement du bois sur le bitume.

On fait bon usage des éventails publicitaires distribués à chaque coin de rue. Le rituel, un dans le sac pour la collec’, un dans la main pour l’air frais.

Un peu plus loin, des bébés (la majorité n’a pas plus de trois ans) tractent leur char … ou bien est ce l’inverse ? On a l’impression que certains se tiennent à la corde pour ne pas tomber. Plus de mamans autour du char que d’enfants. Une troupe, un nuage. Le chef de file n’a pas été choisit par hasard, malgré ses cinq printemps, il tracte la corde à l’horizontale. Un « eeeeeeeeeeeeeessaaa » extatique déforme son visage à chaque cycle de tambour pendant que son voisin baille à gorge déployé. Le rythme des tambours est moins précis, mais l’application est la même que chez les grands.

Sous les enseignes du pachinko passent les teenagers, happi noir jaune rouge et vert, coiffure dans les mêmes tons. La jeunesse japonaise se colorise. Beaucoup de filles.

Un monsieur en happi déblaye le passage pour un cortège de gamins de 11 ans, les roulettes ont disparus sous le char !!! Les gamins le portent. Une vingtaine de gamins collés les uns aux autres croulent sous le poids mais avancent. Derrière le char suivent une dizaine de camarades qui se reposent en attendant leur tour. Ils scandent des « oshiroi » que leurs camarades porteurs ont bien du mal à prononcer.

La réplique en plus grand (étudiants à l’université), gros kanjis rouge dans le dos sur happi noir déboulent alors. Le « oshiroi » est forcément plus viril. Le char est plus gros aussi. Le sifflet a remplacé les tambours pour imprimer le rythme. Puis les coups de sifflets du chef de groupe s’emballent et le paisible char commence à faire des embardées de droite à gauche puis de gauche à droite. La rivière calme se change en fleuve déchainé. Dès que le char se déplace vers la droite, deux gars devant et deux gars derrière tirent des cordes dans le sens inverse pour faire contrepoids et éviter que les passants ne se fassent écraser. Les porteurs zigzaguent de gauche à droite en sautant et en criant. Impressionnant. Frissons dans le dos. On n’a qu’une seule envie, c’est partager leur transe. Rentrer dans la danse et sauter avec eux. Crier avec eux. Trois coups de sifflets et le char s’immobilise … puis repart clopin-clopant comme il était arrivé.

Sur les conseils de Maï on s’arrête manger dans un restau d’okonomiyaki. Des galettes au goût indescriptible. Un au bœuf, un au fromage, un au poulet et un à la pomme de terre. On est quatre on va donc pouvoir goûter à tout. Assis par terre nous attendons que le serveur vienne faire la bouffe sur notre table. Il touille la mixture dans un bol et la dépose sur la plaque brûlante. Ca fristouille. Il les retourne comme des crêpes. Jusqu’au katsuo boshi, la cerise sur le gâteau. Ces copeaux de poissons de la largeur d’une feuille de papier qui ondulent avec la chaleur comme s’ils étaient vivants. Ils dansent sur l’okonomiyaki comme le serpent devant le charmeur.

Le ventre plein, on se mêle de nouveau à la foule. Parfois, deux groupes se croisent dans les ruelles étroites. On pose alors le char au sol pour laisser passer les camarades, en leur faisant une petite ovation au passage.

Un char dont les porteurs sont vêtus de blanc manque d’écraser une maman et sa poussette. Les porteurs sont plus âgés et semblent écrasés par le char qui tangue de la droite vers la gauche de la ruelle (ou bien est ce le saké qui commence à faire effet ?).

Un groupe d’oka-san* passent devant chaque échoppe et entonnent un petit refrain au rythme de claquoirs en bois. Probablement pour les bénir. Puis ils reçoivent une enveloppe de la part du gérant de la boutique.

Au moment où on se dit que c’est une fête où les hommes ont la part belle (les femmes sont en yukata ou agitent les éventails) un groupe de porteur constitué uniquement de nanas nous passe sous le nez et nous rabat le caquet.

C’est bruyant, c’est festif ... mais ça fait pas mal à la tête ... on est emporté dans ce tourbillon de kanjis, d’hiraganas, de fleurs et de couleurs. On ressent au  plus profond de nos entrailles toute l’abnégation, la transe et la puissance qui se dégage de cette rue.

Un autre groupe de fous furieux vient à notre rencontre et entament un pogo en bon et dû forme. En me voyant filmer, un porteur me fait un signe de tête. Je lui renvoie, amusé. Au lieu des traditionnels dix suiveurs, un défilé d’une cinquantaine de personnes tous vêtus d’un happi rouge jaune noir et vert … magnifique. On s’éloigne petit à petit du cœur du festival. Les ruelles se font moins bruyantes. On note tout l’intérêt des magasins de fringues pour l’alphabet occidental. Ici un T-shirt (en français dans le texte) où on peut lire « grande mamelle » ou encore  « rendez vous amoureux, la innocence », là un magasin américanisant « cure ass » ... On se demande si les traductions en japonais sont assurées par la direction …

On recroise nos amis « do koi san » pour boucler la boucle.

De jolies danseuses munies d’ombrelles jaunes et rouge avancent, tourbillonnant sur elles même au son d’un petit orchestre traditionnel tandis que 2 dragons ferment la marche.

On quitte le festival par une rue transversale. Les bruits se font plus lointains. Une dernière vision : à Osaka pendant le tenjin matsuri, même les serveuses de Mc Do s’habillent en yukata !!!

Kansai : Province (provence ?) japonaise

Ryokan :hôtel traditionnel japonais

Obi :wan kenobi

Geta : Cathy

Jinbei : vêtement de fête japonais qui fait trop classe là bas mais pyjama quand j’essaie de le remettre ici.

Happi :new year

mosaic4713627

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Commentaires
M
ha , enfin, je commençais à oerdre patience!!!!<br /> car ta prose , me maquait profondemment
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