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Mes mots, ma malle, mon monde
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  • L’amour de l’aller-retour. Eperdu des allers-venus. Pas fou, nomade ! Des valises sous les yeux, l’ exode en bandoulière. Passager sans destin, tueur à bagages, je viens vous raconter les pérégrinations de ma valise. Je m’éclipse et m’explique …
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9 février 2009

Capsule hôtel

mosaiccapsule

LE bon plan !

Pour 3000 yens la nuit*, bains chauds, sauna, terrasse panoramique avec vue sur la Sumidagawa* et l’Asahi building*. On finit notre deuxième séjour à Tokyo là où a commencé le premier. La boucle est bouclée. Le cercle cher aux Japonais. Je rentre dans le sento* de l’hôtel. A gauche, vue sur la flamme de Starck ! Hammam … huuuuum !

Le bain est chaud mais moins que la dernière fois. Dans le sento de notre quartier, ça piquait les pieds tellement l’eau était chaude ! Et quand l’eau dépasse les cuisses … c’est pas drôle. Je brasse presque dans le « o furo »*, même si c’est pas bien ! Papi*, seul habitant du bain, sort et j’en profite pour sortir sur la terrasse. Nu comme un ver en face des lumières de la ville. Un grand kiff. Une pub géante pour la bière Asahi m’éclaire en clignotant. Elle veut s’assurer que j’ai bien compris qu’elle est super dry ! Le vent me caresse sans me refroidir. Sensation de liberté.

Pour les passants qui auraient le malheur de lever les yeux, vue panoramique sur mes fesses. Les voitures peinent derrière les camions sur la grande voie qui longe la rivière. Les motos, moins embarrassées, tranchent le vroumvroum des voitures avec leurs voix graves et filent par la droite ou la gauche. Quelques jeunes se mettent au diapason et lancent un mini feu d’artifice au bord de la rivière. Quelques rouges. Une jaune. Le reste dans l’eau. D’autres invisibles sifflent en direction des motos, comme pour saluer leur passage. Car les Japonais vénèrent la moto. Phonétiquement, « Moto » veut dire « racine » ou « origine ». Je m’explique pourquoi tout Japonais de plus de trois ans rêve un jour de poser ses fesses sur une Honda, une Suzuki ou une Yamaha.

Trafic. Même à 22h30. Une ambulance rame pour se faire un chenal pendant que les motos tracent des lignes droites. Dans l’autre sens, on file comme le Kirin. L’animal légendaire, pas l’épreuve olympique derrière une mobylette ou la bière homonyme (Asahi me fait les gros yeux).

Sur la gauche, un train passe sur un pont très bas. Ses lumières flottent quasiment sur la rivière. J’ai l’impression de voir le train du « voyage de Chihiro ». Celui-ci doit être aussi rempli de yokaï* : Salary men, Office lady et otaku*. Il glisse sur l’eau comme un dragon doré.

Sortis du sento, je porte un jinbei* vichy vert et blanc et des chaussons en cuir vert bouteille, trop petits et qui collent rapidement aux pieds. Et pourtant je suis bien.

Direction mon clapier. Car c’est bien là l’intérêt du capsule hôtel : faire cette expérience claustrophobique.  Il y a une chaîne de TV gratuite dans la capsule où je tiens à peine couché. Passé 1m80 le chien de fusil est obligatoire. Cette chaîne me fait subir une danse traditionnelle rapidement lassante. J’éteins et m’endors dans ma caisse. Le futon n’est pas très épais et je sens le plastique du fond de la capsule sous mon dos. Au prix de multiples contorsions pendant la nuit, je parviens à conserver un semblant de colonne vertébrale.

En quittant l’hôtel, je passe par l’accueil. Une équipe de jeunes d’un club de tennis (probablement en tournoi dans la capitale) est rassemblée et s’incline comme un seul homme en hurlant « arigatou gozaimasu » (merci beaucoup) à l’aubergiste qui s’incline à son tour. Le Japon est un pays penché.

3000 yens : environ 20€ 

Sumidagawa : rivière à l’est de Tokyo

Asahi building : Siège social de la célèbre marque de bière nippone construit par Philippe Starck et sur lequel trône une flamme dorée, raillée par certains pour sa forme scatologique.

sento : bain chaud

Ofuro : idem

Papi : pépé

yokaï : monstres imaginaires japonais

otaku : fan de manga, de starlette ou de jeux vidéos qui vit reclus chez lui et passe tout son argent dans sa passion. Syn : philatéliste.

jinbei : vêtement traditionnel, un short et une chemise légère en coton très aéré. Prévoir aisselles épilées.

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